"habiter derrière le miroir" conférence de Pierre Bongiovanni dans le cadre du colloque "habitat fragile"

« l’habitat fragile ,l’espace intime ,l’espace refuge....abri réel et symbolique, petit radeau de vie dans le grand mouvement du monde »

Journée d’Etude « l’habitat fragile ,l’espace intime ,l’espace refuge....abri réel et symbolique, petit radeau de vie dans le grand mouvement du monde »

Jeudi 13 mars 2014, de 9h30 à 12h00 et de 13h30 à 17h00

au CH Chartreuse
1 boulevard kir, 21000 Dijon

« Je suis à la recherche d’un abri pour moi-même, et la maison qui me l’offrira, je devrai la bâtir pierre par pierre » Etty Hillesum

 
 Les artistes bruts prônent, souvent sans le savoir, une intelligence du corps et du cœur, un art d’intelligence. C’est-à-dire basé sur une complicité secrète, dicible ou indicible, avec leur environnement direct ou leurs rêves. Leur maison est souvent un espace de vie qui nous offre, à profusion, des images oubliées de notre enfance. C’est un lieu où nous goûtons à la saveur et l’odeur d’objets qui nous sont familiers où nous redécouvrons la couleur tactile des éléments qui la composent où nous percevons la beauté fragile et pudique des gens qui la traversent.
 
Un habitat où l’on capte, à chaque instant, les pas hésitants de ce que Christian Bobin appelle « l’inespéré ». Ce passage délicat de « l’intérieur » vers « l’intériorité », cette expérience ouverte à tout ce qui existe, cette entreprise illimitée où chacun peut expliciter le sens qu’il donne à chaque chose , à chaque événement, cette présence à soi indispensable à toute vie affective et tout acte d’expression.
 
Gaston Bachelard, philosophe du repos et de la rêverie, rappelle une évidence agréable : « la sécurité, c’est d’être bien au chaud dans sa maison quand il y a une bonne tempête de neige ; c’est la flamme d’une chandelle qui s’élève douce, calme et lente, alors qu’au dehors s’agite le vent des rencontres et des circonstances ».
 
Abri réel ou symbolique, l’espace de création des artistes bruts n’offre-t-il pas, à leurs auteurs, cette sécurité affective que l’on retrouve dans la construction ou la quête de tout « cadre thérapeutique » ? Un contenant procurant, peu à peu, cette certitude profonde de valoir en soi, qui n’est pas troublée par l’indifférence, par l’agitation ou par l’opposition du milieu.
 
L’art brut est-il une créativité de survie, celle de Robinson Crusoé ?....fort mais seul....(fort parce que seul ?)...obligé plus que d’autres d’acquérir, par nécessité, un grand répertoire d’adaptation.
 
Le scénario de l’indépendance n’enferme t-il pas l’individu dans le faux dilemme d’être fort et seul, ou faible et avec les autres ; une espèce de supériorité consacrée parfois dans les faits qui réprime l’envie de s’en remettre à la puissance de quelqu’un d’autre que soi.
 
Que veut dire « habiter » ? Pour Martin Heidegger, habiter n’est pas se loger. On n’habite vraiment qu’en poète, en tant que créateur donc. Ce que sont finalement, au premier chef, les artistes bruts.
 
De quoi nous protégeons-nous derrière nos murs et notre création ?... Le mot « expression » (littéralement : presser, faire sortir) ne nous invite-t-il pas, paradoxalement, à « rentrer en dedans » ? Que traduit notre envie de partir, d’aller ailleurs, cette insatisfaction indéfinissable qui nous invite à « chercher », toujours chercher ? Que regarde-t-on, que voyons-nous « l’âme penchée à notre fenêtre » ? Notre corps n’est-il pas, avant toute chose, notre première maison, celle dont on veut (dont on doit ?) prendre soin ? Les hommes ne sont-ils pas également les habitants de la terre qui les habite ?
 
Au travers du regard éclectique de nos invités, nous traverserons ces interrogations durant cette journée, mais surtout nous tenterons de nous interroger sur le pourquoi de cette « surabondance intérieure » que l’on retrouve souvent dans l’art brut ou l’art singulier qui permet, sans doute, de réactiver l’acte fragile de (ré)conciliation de soi avec son passé......

Intervenants …..regards croisés :
- Pierre Besse / pédo-psychiatre
- Jean-Marc Besse : Philosophe et épistémologue du paysage
Son dernier ouvrage « Habiter - un monde à mon image »
- Pierre Bongiovanni : ingénieur en sciences économiques, il mène aujourd’hui une activité d’artiste performeur. Il est l’auteur de critiques et d’analyses sur l’art numérique, notamment à travers sa revue en ligne Slunk. Est à la tête de la Laurentine.
- Jean-Yves Loude (écrivain ethnologue) et Colette Brussieux (restauratrice conservatrice secteur monuments historiques) autour de l’œuvre de Pierre Martelanche)

Titre de l’intervention de Pierre Bongiovanni : "habiter derrière le miroir"

- Où habite un réfugié (climatique, politique, économique) ? dans son sac adidas ?
- Où habite un clandestin ? dans une statistique ?
- Où habite un asocial, par exemple un individu non-connecté ?
- Où habite un dealer ?
- Où habite un ermite ?

Ils habitent derrière le miroir.

Qui ?

Pierre Bongiovanni

Responsable artistique de la Maison Laurentine, commissaire d’exposition ("Sculptures en l’Ile" à Andrésy dans les Yvelines, "schizophrenia Taiwan" à Linz, Saint Pétersbourg, Berlin, Paris, Londres, Marseille, Dresde), auteur, photographe, myope, vierge ascendant taureau.
cv : (...)

Où ?

"habiter derrière le miroir" conférence de Pierre Bongiovanni dans le cadre du colloque "habitat fragile"

N 47° 16.723 - E 5° 6.554
1 boulevard kir
21800 Dijon
Bourgogne
France métropolitaine