LE VISIBLE EST LE CACHÉ

« Le visible est l’ensemble de tous les récitatifs qui fabriquent l’apparence . Ce sont des réseaux, des enchevêtrements, des systèmes de marelles infinis, des puissances d’échos, des ricochets. A l’intérieur des ces systèmes qui tous ensembles forment une gigantesque et indefaisable pelote il y quantité de trous, de cachettes, de fils non tirés."

« Vivre c’est pour chaque animal traverser le visible en s’y cachant. »

« Un territoire c’est une aire où se poser, où chasser, où errer, où guetter – mais c’est aussi et peut-être premièrement une aire où l’on sait où et comment se cacher. »

« chaque animal est un frémissement de l’apparence et une entrée dans le monde ».

Jean Christope Bailly / "Le parti pris des animaux"

L’OUBLI, LA TRACE du 6 JUILLET AU 21 SEPTEMBRE 2014

Une manifestation dédiée au silence, à la discrétion et au partage...

De l’oubli…

Dans les dernières séquences de son film "La honte" (1968), Ingmar Bergman fait dire à l’un de ses personnages : "je me souviens que je dois me souvenir de quelque chose d’important mais j’ai oublié quoi". 
Quelques années plus tôt, Georges Bataille écrivait : « Nous ne pouvons nier que l’humanité présente a égaré le secret (...) de se donner à soi-même un visage où elle pût reconnaître la splendeur qui lui appartient » ("La part maudite", 1949).

et de la trace

La Maison Laurentine entend :
- Mettre à profit sa position de retrait et de discrétion pour identifier quelques traces d’intelligence, d’élégance et de beauté, ("le secret" dont parle Georges Bataille, ce "quelque chose" que nous avons oublié, dont parle Bergman) même balbutiantes, même brutes, même potentielles, pour poser des jalons permettant d’enjamber vaillamment les incertitudes du monde.
Ces traces d’intelligence, d’élégance et de beauté peuvent surgir des œuvres comme des conversations qu’elles génèrent quelquefois.
- Relever chaque jour des défis minuscules comme s’il s’agissait d’enjeux absolument considérables.
- Recevoir les artistes et les chercheurs comme s’ils étaient de notre famille, comme s’ils étaient notre famille (et l’on doit aux membres de sa famille, soit de leur rendre des honneurs particuliers, soit de les fuir). 
- Accueillir les visiteurs comme s’ils étaient nos amis de toujours.
Ces traces nous allons tenter de les rendre tangibles en conjuguant profondeur, légèreté, plaisir et humour pour qui voudra s’en saisir ou s’en émouvoir.
Le « beau », c’est ce qui s’impose naturellement à qui se rend disponible pour le recevoir : un vol de grues, en route vers le sud, dans le coucher de soleil, des totems élancés surgis d’un arbre abattu, un visage stupéfiant révélé par un photographe inconnu, un chant venu dans la nuit, un agencement d’objets riche comme une épopée …
« Le beau » semble étrange sans jamais nous être étranger. Il semble n’obéir qu’à la possibilité d’être partagé.

A propos du visuel

Photographie de Pierre Bongiovanni
Les deux jeunes filles sont jumelles : Mathilde et Camille.
Leur famille réside à Aubepierre-sur-Aube, ou elles passent leurs vacances.
Elles ont été photographiées sur le haut d’une pâture appartenant à leur grand-père, devant l’entrée d’une grotte ("le trou de la Prussienne") où elles avaient l’habitude de venir jouer enfant.

Le commentaire qui suit est de Corinne Turpin
"Il y a deux choses que j’aime particulièrement dans cette image.
.Le fait que à la fois la surface et la profondeur soient très fortes, en lutte et en équilibre.
La surface du fond entier avec la paroi minérale, et la profondeur parce que les filles sont l’une derrière l’autre et que leurs regards traversent l’espace.
Le fond est fermé mais l’avant est ouvert, d’autant plus que les regards ne s’adressent pas au photographe.
Il y a un hors champ qui immobilise les filles par son attraction, son interrogation ou son souvenir, autant que le fond les immobilise par sa clôture. Leur fixité est le fait d’une tension, non d’un repos.

Les positions des différentes parties du corps sont très naturelles, absolument pas forcées, mais elles jouent de rappels ou de légers décalages d’un corps à l’autre et des corps aux éléments du décor avec beaucoup de raffinement. Horizontales, verticales, obliques légères ou fortes, diagonales, toutes les lignes forment un ensemble très dynamique dans le détail, mais sans expressionisme. On voit les corps vivre (les doigts repliés sur la robe, les nuques soumises au poids des têtes) et pourtant ces corps ont une aura qui leur donne une qualité surnaturelle.

La pierre est comme une surface écrite que le végétal recouvre de temps. Cette image correspond parfaitement au thème : l’oubli, la trace."

CO-PRODUCTEURS PARTENAIRES ET SOUTIENS

INAUGURATION DU 6 JUILLET

19 participants

  • Mathieu Sanchez

    (France) "Je me définis comme performeur vidéo et vidéo-graphiste, deux voix complémentaires qui nourrissent mon rapport à l’image depuis 15 ans. J’ai toujours exploré, expérimenté l’image sous toute ses formes (video,pellicule, dessin, graphisme, 3D, temps réel...) et le rapport de ces formes entre (...)
  • Alice Schÿler Mallet

    (Etats-Unis) Alice Schÿler Mallet est plasticienne et commissaire d’exposition. Son travail plastique tourne autour de questions concernant, le corps, l‘espace, la charge de certaines matières et leur rayonnement dans le corps et l‘espace, la fonction des matières et leur utilisation ; Elle détourne (...)
  • Sylvain Taillard

    Originaires de Tourcoing, Sylvain et Pierrick Taillard ont choisi Roubaix pour se lancer. En novembre 2005, ils créent l’agence Piks Design, une agence de design. « J’ai créé l’agence avec mon frère et ma belle-soeur », explique Sylvain Taillard. Eux terminaient une école de design à Valenciennes, lui (...)
  • Pierrick Taillard

    Pierrick Taillard vit et travaille dans l’agglomération Lilloise. Né là-haut dans la Nord il y a 33 ans, mais ardent Haut-Marnais par le coeur, l’usage et la filiation.
  • Mickael Valet

    Actuellement en résidence longue durée dans le cadre de "... dans les plis de l’obéissance au vent"
  • Yoris Van den Houte

    (Belgique) Scénographe et plasticien. Yoris van den Houte vit à Bruxelles et travaille en Europe et en Afrique (où il enseigne la scénographie). Il crée des images, des environnements et des situations légères et fragiles à partir de matériaux ordinaires dont il exalte les mystères et la force. (...)

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